Auques (presque) en ce temps se commencèrent à ennuyer ceux de Mauconseil de leur garnison ; car pourvéances (provisions) leur failloient, et étoient requis du vendre de ceux de Noyon et du pays. Si la vendirent douze mille moutons* ; et s'en pouvoient partir, ainsi qu'ils firent, sauvement eux et le leur. Si se partirent et se retrairent (retirèrent) ès (des) autres forteresses de Creel, de La Harelle, de Clermont, de Velly, de Pierrepont, de Roussy et de Sissonne. Sitôt que ceux de Noyon eurent Mauconseil, ils abattirent et rasèrent tout par terre, tellement que oncques (jamais) depuis n'y eut fort ni maison pour nulluy (personne) loger.

Ainsi étoit grevé et guerroyé le royaume de France de tous côtés ; et vendoient les uns aux autres ces capitaines de garnisons, leurs forts et leurs pourvéances (provisions), et échangeoient et donnoient sommes d'argent ensemble, aussi bien comme de leur héritage. Et quand ils en étoient tannés (fatigués), ou qu'il leur sembloit qu'ils ne les pouvoient plus tenir, ils vendoient aux François pour avoir plus grand' somme de florins.