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Accueil / Les cousins d'Edouard / Histoire des Radigois / Radigois l'Irlandois / Chapitre CDX
 
 
 
1358 : Radigois de Dury (Derry ?),
capitaine de la guerre de Cent Ans
 
[…] Comment les Navarrois prirent Sissone (Saulx);
et comment ceux de Sissonne déconfirent le comte de Roussy
 
 
[…] En ce temps avint que ceux de la garnison de Velly et ceux de la garnison de Roussy se conseillèrent ensemble et vinrent prendre par force et par assaut la ville de Sissonne (près de Laon) et firent dedans une grand' garnison de toutes manières de gens assemblées, qui avoient un capitaine que on appeloit François Hennequin(1), et étoit un garçon né de Couloingne (Cologne) sur le Rhin et étoit si cruel et si étourdit en ses chevauchées que c'étoit sans pitié et sans mercy ce dont il étoit dessus. Cette garnison de Sissonne et ceux qui dedans étoient firent moult (beaucoup) de vilain faits et de grands dommages aval (le long du) le pays, et ardoient (brûlaient) tout sans déport (délai), et occioient (tuaient) hommes et femmes et petits enfans qu'ils ne pouvoient  rançonner à leur volonté.
Or avint un jour que le comte de Roussy, qui avoit encore le mautalent (mécontentement) en son cœur, c'étoit bien raison, de sa ville et de son châtel de Roussy que les pillards nommés Anglois, Allemands et Navarrois tenoient, fit une prière aux chevaliers et écuyers d'entour lui, et eut bien cent lances, parmi quarante hommes à cheval qu'il amena de Laon ; et eut adoncques (alors) par prière le comte de Porcin, monseigneur Girard de Cavenchi, le seigneur de Montigny en Ostrevant, et plusieurs autres chevaliers et écuyers. Si chevauchèrent un jour et vinrent devers Sissonne, et trouvèrent ces Allemands, nommés Navarrois, qui ardoient (brûlaient) un village : si leur coururent sus hardiment et appertement (expertement). Cil François Hennequin et sa route (troupe) mirent tantôt pied à terre et se recueillirent bien et faiticement (soigneusement), et rangèrent tous leurs archers devant eux. Là eut fort hutin (bruit) et dur d'un lez (coté) et d'autre, et trop bien furent assaillis iceux Navarrois qui étoient gens de tous pays ; et aussi ils se défendirent trop bien et trop vaillamment. Et bien étoit mestier (besoin), car ils étoient fort requis et combattus ; et eussent été déconfits, il n'est mie (pas) doute, si les bourgeois de Laon fussent demeurés : mais ils se partirent à petit de fait et se mirent au retour devers Laon ; dont ils reçurent grand blâme, et les autres demeurèrent qui se combattirent assez longuement et vaillamment ; et toutefois la journée ne fut point pour eux. Là fut le comte de Porcien durement navré (blessé) et à grand meschef (dommage) sauvé ; là furent le sire de Cavenchi et le sire de Montigny pris, et plusieurs hommes d'armes : et le comte de Roussy moult (beaucoup) navré (blessé) et pris la seconde fois, et livré à Radigos de Dury et à Robin l'Escot, qui l'emmenèrent derechef (de nouveau) en prison en son châtel de Roussy. Ces deux aventures eut-il en moins d'une année.
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1 – Note de J. Buchon: Barnès le prétend Anglais et l'appelle Hawkins.

 
« Les croniques que first Jehan Froissart en.VIII.livres », manuscrit, Source : Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 2641. Date de mise en ligne dans Gallica :18/09/2012. Télé accessible à : http://gallica.bnf.fr