Historien et poète français, Jean Froissart naquit à Valenciennes, vers l’an 1337. Une des nombreuses copies manuscrites de sa chronique lui donne le titre de chevalier ; comme lui-même ne dit rien de son origine, et semble indiquer que son père était peintre d’armoiries, on peut croire que c’est le copiste qui, de son autorité, a donné cette marque d’admiration et de respect à l’historien dont il transcrivait les récits. Froissart fut, dès l’enfance, destiné à l’Église, et reçut l’éducation lettrée qu’on donnait alors aux clercs.
« Et considérez, entre vous autres, qui me lisez, avez lu ou m’ouïrez lire, comment je puis avoir su et rassemblé tant de faits pour vous informer de la vérité. J’ai commencé jeune de l’âge de vingt ans, et suis venu eu monde en même temps que les faits et aventures, et si y ai toujours pris grand plaisance plus qu’à autre chose ; et si Dieu m’a donné la grâce que j’ai été bien de toutes parties, et des hôtels des rois, et par espécial du roi Édouard, et de la noble reine sa femme, madame Philippa de Hainaut, à laquelle en ma jeunesse je fus clerc ; et la desservis de beaux dits et traités amoureux. Pour l’amour du service de la noble dame à qui j’étais, tous autres grands seigneurs, ducs, comtes, barons et chevaliers, de quelque nation qu’ils fussent, m’aimaient et me voyaient volontiers. Ainsi au titre de la bonne dame, et à ses côtés, et aux côtés des hauts seigneurs, en mon temps, j’ai recherché la plus grande partie de la chrétienté. Partout où je venais, je faisais enquête aux anciens chevaliers et écuyers qui avaient été dans les faits d’armes, et qui proprement en savaient parler ; et aussi aux anciens hérauts d’armes, pour vérifier et justifier les matières. Ainsi ai-je rassemblé la noble et haute histoire, et tant que je vivrai par la grâce de Dieu, je la continuerai ; car plus j’y suis et plus y labeur, plus me plaît. Car ainsi comme le gentil chevalier ou écuyer qui aime les armes, en persévérant et continuant, se nourrit et se perfectionne, ainsi en labourant et ouvrant, je m’habilite et me délecte »