Bosque
se fend cependant d’un courrier au Commandant pour dénoncer « cet abus révoltant ». Jobal ne répond même pas (Rapport, p 9). Les victimes ne peuvent que faire constater par un Juge de Paix le dépôt de leur protestation. Pour survivre, ils doivent quitter Tabago. Les commissaires rapportent à l’Assemblée nationale que « Le ciel les réserve pour donner un grand exemple d’hospitalité et de reconnoissance » (Rapport, p 9). Nous le constaterons plus tard.
Les jours suivants, les nouvelles de la Révolution arrivent aux Antilles. Bosque est chargé par les citoyens de Tabago de constituer l’Assemblée patriotique. Il en devient le secrétaire. Jobal craint de perdre son pouvoir despotique, explique Bosque. Selon Guérin (p. 100) et surtout Pelouze (p 164), Jobal luttait contre la Révolution. Il fait fabriquer, par des soldats de Guadeloupe dont il est colonel, des pièces, disant qu’un complot menace Bosque, le président et le Vice-président de l’Assemblée patriotique. Ceux-ci, craignant pour leurs vies, demandent l’autorisation de s’embarquer pour la Martinique.
Jobal les y autorise par courrier du 2 novembre. Ils embarquent le 3, mais le vaisseau, sous pavillon national, avait à peine levé l’ancre qu’une goélette anglaise, montée par les soldats guadeloupéens de Jobal, le prenne à l’abordage, sabres à la main.
Les fuyards sont ramenés à Tabago. Bosque est chargé de fer et jeté dans un cachot. Le 16 novembre, lui et ses collègues sont jugés pour sédition et révolte en convoquant l’Assemblée patriotique et pour avoir invité des soldats à signer le serment à la Nation. Ses collègues sont condamnés à une amende de 1 000 livres et l’avocat à six mois de prison et au carcan. Sa maison, sa propriété, ses meubles, ses effets sont pillés et vendus à vil prix. Deux mois plus tard, on le sort de la prison, mais on lui ordonne de partir sur-le-champ. Il a beau dire qu’il n’a plus rien, qu’il va périr de misère dans une île déserte, il est monté à bord d’un vaisseau le 30 décembre 1789.
Charles Bosque est débarqué à la pointe extrême du nord de Trinidad, alors espagnole, près de Cumaná, au lieu-dit la pointe de la Galère (Pointe Galera). |