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1920 - 2007 - Édouard Radigois,
notre Président Fondateur

Notre association a été dénommée « les Cousins d’Édouard ». Mais qui était Édouard qui rassemblait ses cousins? Issu de la branche de l’honorable Homme Guillaume Radigois (1582-1673) et Janne Garreau (1597-1644), ses grands-parents étaient Guillaume, née vers 1526 et Pétronille Fresneau (vers 1531) de Saint-Herblain.
Édouard commença la généalogie de la famille et créa notre association. Présentation.

Édouard Radigois, né le 21 mai 1920 à Sainte-Marie-sur-mer, y demeura jusqu'en 1933. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Guérande (44) puis des Couëts (Bouguenais, 44)

 

 

 

 

 

En vignette et ci-contre : Portraits de Marie-Annick Radigois, 2008.

 

Sainte-Marie-sur-Mer - Édouard et son copain d’enfance, Marcel devant la maison de famille - 1925
 

Constant Radigois et son épouse Marie-Louise Gautier, avec deux de leurs enfants :
Edouard à gauche et Albert.
Manque Annie, l'aînée des enfants.
La toile de fond représente le château de Pornic


Édouard et sa mère, Marie-louise

 

 

Au début de la guerre, il fit des petits boulots par-ci, par-là, tout en faisant sa préparation militaire. En avril 1940, il vint habiter chez sa grand-tante Amélie (1863 - 1958), au 121, boulevard de Doulon (Nantes), tout en préparant un secrétariat comptable à l'école Pigier, place du Commerce (Nantes).

Le premier décembre 1940, il trouva un emploi aux Chantiers Dubigeon. C'est en se rendant à son travail qu'il rencontra Marcelle Guérin dans le tram. Il continuait sur Chantenay alors que Marcelle s'arrêtait place du Commerce pour prendre l’Octroi de Sèvre (après le pont de Pirmil) et rejoindre l'Outillage Armor où elle travaillait.


Le tramay, place du Commerce - Source : Wikipédia
 

Édouard et Marcelle - 1943

Édouard avait pu échapper au STO (service du travail obligatoire décrété par les Allemands) grâce à une fausse carte d’identité où sa date de naissance avait été falsifiée. Cette carte avait été faite par Edmond Dupé, médecin, un cousin de Marcelle. Quand ils sont allés la chercher chez lui, il y en avait bien une quinzaine d’autres dans son tiroir. Edmond a été très actif dans la résistance. En 1945, il a envoyé une lettre à Félicité Guérin, la sœur aînée de Marcelle, où il raconte succinctement son parcours périlleux durant la guerre. C’est touchant.


Lettre manuscrite d'Edmond Dupé, cousin de Marcelle, médecin et résistant, adressée à Félicité Guérin, sa cousine.
 

Édouard prenait le car parfois pour Sainte-Marie sur Mer, pour aller voir sa mère qui était restée là-bas. C’est là que se situe la scène inouïe du car, qui pense-t-on n’arrive que dans les films. Il nous l’a raconté parfois quand nous étions enfants, mais nous (ou certains d’entre nous) ne prenions pas la mesure du drame qui avait failli se produire, de l’angoisse qui avait dû l’habiter. Il en parlait de façon légère, c’était pour nous une belle histoire dont nous riions ! Il l’a racontée dans le cahier de questions N° 9. Voici son récit.

Bundesarchiv_Bild_101I-477-2106-08,_Bei_Mailand,_Soldat_Zivilisten_kontrollierend
Source wikipedia

« Une fois parmi d’autres, juin 1941…voulant aller en zone interdite j’ai pris le car journalier et voici que… “contrôle allemand”… à un endroit inhabituel.
La patrouille monte dans le car, demande les papiers à chaque passager, rang par rang… Arrivés devant la personne devant moi, les Allemands constatent le manque de laissez-passer à cet homme et le prient de descendre avec eux…

Ils remontent “seuls” dans le car et reprennent leur contrôle et, par un hasard heureux, recommencent leur contrôle juste derrière moi…
je n’avais aucun laissez-passer… ma destination aurait été la même que celle du passager précédent… l’Allemagne à coup sûr…

On a quelquefois de la chance malgré sa peur… dans une tenue impassible… pendant ces quelques minutes qui m’ont parues longues… mon cœur a beaucoup battu. »

Édouard voulut s’engager pour rejoindre Albert, son frère, en Afrique du Nord. Il fit plusieurs tentatives qui échouèrent. En septembre 1942, il put s'engager dans l'aviation, via Clermont-Ferrand, base d'Aulnat. Mais peu de temps après, les Allemands envahirent la zone libre, mettant en échec son projet. Il fut renvoyé dans ses foyers.

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Le 2 décembre, il fut démobilisé et retrouva son emploi aux Chantiers Dubigeon... et Marcelle dans le tram.


Albert , frère d’Édouard, mécanicien dans l’armée de l’air, en 1950.
 

Après les bombardements de septembre 1943, dès le 25, la famille Guérin se réfugia à Beaupreau dans la communauté que dirigeait une cousine de Marcelle, Marie Maugeais - dans le même temps, Marie-Louise Radigois, la mère d’Édouard, et les grand-tantes furent accueillies au Fief-Sauvin, dans la famille d’une religieuse. Avant la guerre, grand-père Guérin y allait plusieurs fois par an pour entretenir le parc et c’est avec beaucoup de chaleur que tout le monde fut accueilli.

C’était Byzance pour ces citadins après déjà plusieurs années de privations sévères, tant vestimentaires qu’alimentaires. Ici, il y avait du beurre, de la viande, des fruits, du lait, etc. et il n’était pas nécessaire de peser le pain ! La famille Guérin a participé à la vie de la communauté, tant au jardin qu’à la lingerie et à l’école de l’orphelinat en dédommagement de leur hébergement.

 

1944 - Réfugiés au Fief-Sauvin (49) : tout à droite, debout au second rang Édouard et Marcelle
 

Édouard était resté travailler à Nantes, mais faisait la route en vélo le week-end pour rejoindre Marcelle et la famille à Beaupreau. Et un lundi, 29 novembre 1943, en rentrant de son escapade en Mauges, il eut un choc en arrivant à la maison du 121. Voici ce qu’il écrivit ensuite à Marcelle :

« Wohnung eine franjôshen eisenbahners » telle est la triste pancarte que j'ai vue appliquée sur la porte de notre maison, en arrivant ce matin à Nantes. Cela fait un froid…

Après m'être ressaisi un peu, je suis rentré tout de même, la maison n'avait pas bougé, rien de changé à part cela. Alors je suis allé à la Mairie pour savoir quoi faire au juste.
Ces Messieurs ne savaient et m'invitèrent à aller à la Kommandantur ; je ne suis pas allé, j'ai fait traduire le texte par l'interprète du Chantier. Cela signifie à peu près :

« Ici, habite un employé français de chemin de fer » J'ai pensé que c'était le sinistré à qui on avait dit de venir chez nous, qui avait mis cette étiquette, pour que  la maison ne soit pas prise… Tout de même, je me suis occupé et couché comme si de rien n’était… J’attends. »

Le 2 juin 1944, quelques jours avant le débarquement américain en Normandie, il quitta subitement Nantes à cause du climat, de l’ambiance, des bombardements, de la nervosité des Allemands.
L’ambiance professionnelle n’était pas agréable et il se morfondait d'être tout seul à Nantes et de faire le trajet en bicyclette vers Beaupréau (49) et le Fief-Sauvin – plus de 50 kms aller.

Il se camoufla à Beaupréau avec d'autres jeunes venus d'ailleurs souvent pour fuir le STO. Il rencontra alors la résistance, entra dans le groupe FFI et participa à la libération de cette petite région.


Brassard FFI d’Édouard Radigois
(compagnie de Beaupréau

Le 10 août 1945, il reçut l'avis de sa nomination en qualité d'élève gendarme et partit le 29 août 1945 au centre d'instruction de Joué-lès-Tours (37). Affaibli, il ne put effectuer que deux mois sur trois. Les religieuses et Félicité Guérin, la maman de Marcelle, furent à ses petits soins, Félicité lui faisait du pain perdu toutes les quatre heures ! Bien nourri, il récupéra.

Il fut réformé définitif le 21 novembre 1946 pour "voile aux poumons". Sans doute, il dut virer sa cuti, car il ne fut jamais malade.

 
Plaque de constructeur du locotracteur T4 des Voies ferrées du Dauphiné.
source : Wikipedia

De 1946 à 1948, il travailla chez Rineau-Frères chauffagiste.

Germaine Mouillé, née Evellin, sa tante du côté de Marcelle avait comme élève une demoiselle Brissonneau. Par cette relation, le 14 avril 1948, il entra aux établissements Brissoneau et Lotz, au service comptabilité, puis comme caissier-payeur où il faisait la paye des ouvriers, "en espèces". Il allait ainsi s'approvisionner dans les banques, accompagné d'un gardien armé, "ce qui ne lui plaisait pas". C'est pourquoi il s'est trouvé deux fois avec un million en trop... au moment d'une dévaluation.

 
En sollicitant l’aide de quelques personnes et avec Marcelle, en 1953, il construisit en moins de six mois, la maison familiale au 52, rue des Forges, sur un terrain offert par ses beaux-parents (Cf la note généalogique de Marcelle Guérin), à l’emplacement de l’ancien trou de bombe de la dernière guerre.

15 juin 1944 - Trou de de la bombe : en haut Germaine et Jean Mouillé,
à mi-parcours Victor Guérin (père de Marcelle), au fond, Marcelle.

Vue du jardin devant le puit, maison-mère construite par Édouard
 

En 1955, il participa à la Grève de Nantes. Il avait pris des responsabilités syndicales dans un syndicat indépendant. Dans un café, devenu siège du syndicat, organisait la distribution de nourriture aux ouvriers qui ne percevaient plus leurs salaires. Lors d'un projet de grève de la faim, il envisagea d'y participer, mais le conflit fut résolu à temps.

 

Dans les années 60, il prit le service du « Personnel » et fut délégué spécialement pour installer Brissonneau à Carquefou, où il prit la direction du Service des Ressources humaines.  Il en ressortit pour sa retraite le 1er juin 1978.

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Dans les années cinquante et soixante, il fut "délégué à l'enfance délinquante" en liaison avec un juge du Palais de Justice. Cette fonction consistait à accompagner et suivre des enfants confiés par le juge des enfants.


1979 - Édouard Radigois
(Fonds Marie-Françoise Luciani)
 

Militant catholique, il prit des responsabilités dans « l ‘Action Catholique des Hommes », pendant que Marcelle était engagée au niveau régional et national dans « l’Action Catholique Générale des Femmes ».

Ensemble, ils participèrent pendant près de 40 ans à un mouvement de couples chrétiens, les équipes Notre-Dame. Les 5 ou 7 couples de l’équipe, accompagnés d’un prêtre, se réunissaient chaque mois pour un temps de repas-échanges.

Cette réunion était préparée par un temps d’échange au sein du couple sur le thème de la réunion sous le nom de « devoir de s’asseoir ». Marcelle et Édouard avaient pris l’habitude, durant cette soirée de manger des oranges. Le lendemain matin, les enfants trouvaient les reliefs des oranges dans la cuisine. La fratrie renomma le « devoir de s’asseoir » par « la réunion aux oranges ».

Pendant plus de dix ans après, il prit plaisir à participer à l'Université inter-âges.
Il lança et anima les réunions des anciens de Guérande.


Université Inter-âges de Nantes, Ouest-France, août 1984

Il entreprit la généalogie des Radigois, quasi à temps plein entre 1984 et 1993, suite à une demande de son frère Albert (1918 – 1983). Il créa une association de fait à cette époque avec la participation d’un comité d’une dizaine de personnes. Il organisa en particulier la première, mémorable et grande cousinade à la Gournerie (Saint-Herblain) qui réunit 322 cousins.

Grande cousinade de Saint-Herblain : ci-dessous, Édouard, (de face remet une bouteille, étiqueté pour l’événement.


Édouard, lors de son discours introductif de la grande cousinade.

Quelques années plus tard, l’association adopta le régime de la loi de 1901. C’était quelques temps après son infarctus et les membres du comité proposèrent le nom des « Cousins d’Édouard ». Il fut élevé au titre de président d’honneur.
 

Petite histoire
Grand et ingénieux bricoleur, il ponctuait parfois les difficultés du bricolage par un "juron", vraisemblablement appris avec ses amis d'enfance, les frères Maneyrol. Comme il ne parlait pas breton, il le prononçait phonétiquement.
Voici l'original : "Ma Doué benniget ! Mall eo evidon da vont da gousket !" que nous pourrions traduire par "Mon Dieu béni ! il est urgent pour moi d’aller dormir.

Suite à un infarctus à Plœmeur en septembre 1995, il subit un AVC. Malheureusement, il ne récupéra pas toutes ses facultés. Il fut admis à l'HEPAD de Fay de Bretagne en août 2004, où il décéda le 26 août 2007. Ses obsèques religieuses eurent lieu en l'église de Notre-Dame de Toutes-Aides. Il repose dans ce cimetière.