Dans sa conférence, Jacques-Alain Miller a donné, avec quelques anecdotes, son témoignage sur la vie de Lacan.
Deux ans avant sa mort, L'enseignement de Lacan au travers de son Séminaire semblait être arrivé à son terme et il avait choisi de l'intituler : « Le moment de conclure ».
Mais Lacan n’a pas pu conclure et c’est avec une grande pudeur que Miller nous a expliqué comment Lacan a basculé, en poursuivant l’année suivante le Séminaire au-delà de sa conclusion.
Il ne parlait plus, il allait du tableau où il dessinait des nœuds, à l’auditoire en disant quelques mots.
Miller a livré sa souffrance de le voir ainsi poursuivre son séminaire au-delà de sa conclusion. Parce qu’il continuait à se battre, Lacan ne pouvait pas conclure. Miller avoua avoir déserté ces séminaires parce qu’il en souffrait. Il souffrait parce qu’il l’aimait. Il voulait le protéger.
Les autres se pressaient tous au Séminaire pour écouter le grand Lacan, le personnage, et ils ne voyaient rien.
Philippe De Georges, après la conférence a souligné l’attention de l’auditoire au moment de ce récit en ajoutant qu’il n’avait pas vu de tristesse sur le visage des auditeurs, pas de mélancolie, disait-il.
Mais, pendant qu’il parlait, un silence respectueux régnait dans la salle. Il expliquait avec pudeur et délicatesse que Lacan, en poursuivant son séminaire au-delà de sa conclusion, voulait garder sa dignité.
En ces temps difficiles où on cherche à discréditer la psychanalyse avec des propos parfois haineux, il convient de montrer qu’au-delà de l’homme qu’était Lacan, c'est-à-dire destiné à la vieillesse et à la mort comme tout un chacun, la psychanalyse est bien vivante, plongeant ses racines vigoureuses dans le terreau ô combien fertile de Freud et de Lacan.
|