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Vernissage 10 avril 2010
Parcours d'artiste
 

Mes trois ans furent artistiquement marqués par un contact physique direct avec la couleur. C’est en admirant un peintre d’intérieur, recouvrant de marron les murs de sous-bassement de la cuisine de mes parents que je chutais, le postérieur dans le seau rempli de cette peinture.

A l’âge des « je veux », j’affirmais que je voulais « faire des têtes ».
Quelques années plus tard, c’est à ma tante que je dois la découverte dans les années 1947-1947 du musée des Beaux Arts de Nantes. Des peintres et sculpteurs Michel Ange était mon favori, mon ambition était grande. Dans l’immense hall d’entrée, lessculptures de nus attisaient ma curiosité d’enfant, mais ma tante, célibataire très pudique prenait sa responsabilité de marraine au sérieux, m’obligeait en m’entraînant d’un pas rapide et furtif, à détourner mon regard curieux et intéressé, mais c’est en toute tranquilité, que je pouvais m’attarder, commenter face aux immenses fresques guerrières violentes ou religieuses, des siècles passés. Sensible à la sculpture mais sans la pratiquer, j’ai cependant réalisé quelques petits bustes d’argile à ma façon, caricature de mes grands-parents qui ont beaucoup compté pour moi.

Notre cousin médecin de la famille avait dit : « Il faudra lui faire donner des leçons à cette petite fille-là ». Mon institutrice me gardait parfois après la classe, elle aussi aimait dessiner. C’est près d’elle que j’ai réalisé mes premiers dessins, cadeaux destinés à mes proches. Les jeudis de congé en compagnie de la fille du peintre d’intérieur, chez ses parents nous dessinions et peignons à la gouache.
Nous étions quatre années après la fin de la guerre, je n’ai été qu’en primaire à l’école. Dès 14 ans dans le monde du travail en tant que vendeuse étalagiste en bijouterie orfèvrerie dans le centre de Nantes et trois années de cours pour le CAP. Puis la vie d’adulte, mariage, enfants, famille, pendant 20 ans, je n’ai jamais eu le loisir de prendre crayon ou pinceau et oublié, refoulé ce mode d’expression qui était mien.

Dans les années 1980, à la vue d’un crayon posé là devant moi, surgit telle une bouée de sauvetage sortant des tréfonds de mon être, le souvenir des peintures passées. Puis la poésie, la photo, la porcelaine, qui me permettaient le langage de la couleur, des émotions, mon rapport au monde tel que je le vivais.

Depuis cette renaissance autodidacte multiforme, sans l’atelier ni la profession que dans le passé j’avais tant souhaité exercer. Sans les beaux arts, leçons ou cours, c’est la vie qui m’apprend à me découvrir.

Ne jamais renoncer à ses rêves d’enfants, mettre de la couleur pour dire son rapport à la vie, peindre des visages aimés c’est aussi pour certains d’entre eux faire vivre encore ceux et celles qui nous ont quitté.
Peindre ceux en vie c’est leur dire « je vous aime », dire merci à celui qui toujours répond présent lorsque je fais à appel à lui.

Peindre, c’est aussi du plaisir… d’être… en vie.

Michèle

 
 
 
 
 
 
 
 
Crédit photos :J-M R